Conférence de presse du 9 avril 2021 – Ce matin, je participais à une conférence de presse afin d’annoncer nos journées de grève (14 avril à la CS Crie et 28 avril à la CS Kativik). Voici l’essentiel du message que j’ai partagé aux médias :

D’entrée de jeu, je vous dirais que de faire la grève, ce n’est pas ce que nous souhaitons. Mais nous n’avons pas le choix si nous voulons nous faire entendre par une partie patronale qui est sourde à nos demandes, et 90 % de nos membres qui se sont exprimés nous l’ont confirmé. Nos vis-à-vis patronaux n’ont pas de mandat pour répondre favorablement à nos demandes encore moins à nos demandes prioritaires dont celles portant sur les disparités régionales. Ces demandes concernent en grande partie les personnes embauchées localement, soit plus d’un millier d’Inuit et de Cris. Depuis plusieurs années, nos membres nous demandent pourquoi les conditions de travail ne sont pas les mêmes entre les allochtones et les autochtones. Nous avons beau leur expliquer que certaines dispositions s’appliquent selon le lieu d’embauche nous avons beau leur expliquer la notion des 50 km mais eux, ce qu’ils vivent au jour le jour, ce qui est perçu dans les milieux, c’est que c’est un système qui favorise les allochtones.

On le sait, le régime des disparités régionales a été mis en place pour attirer du personnel qualifié puisque localement, il en manquait et il en manque toujours.

Mais pourquoi on ne met pas en place un système équitable afin que les locaux soient aussi intéressés à travailler pour ces commissions scolaires? Pourquoi on ne dit pas aux Cris et aux Inuit qu’on va arrêter de moins les payer (note : ici je référais à la prime de recrutement et de rétention qui n’est pas accordée aux membres du personnel de soutien ni à l’ensemble du personnel enseignant à cause des critères mis en place en 2001) et de leur donner moins de bénéfices? Pourquoi on n’améliore pas les conditions de travail pour que ces emplois soient plus attrayants afin de donner le goût aux jeunes de persévérer dans leurs études afin qu’un jour ils puissent aussi devenir des enseignantes et des enseignants, des techniciennes et des techniciens en éducation spécialisée, des conseillères et des conseillers pédagogiques? Évidemment nous avons aussi d’autres priorités. Depuis 4 rondes de négociation, le dossier des élèves HDAA est un enjeu prioritaire mais nous avançons à pas de tortue. Les jeunes dans les classes n’ont pas tous accès aux services auxquels ils ont droit. Nos profs, n’ont pas toutes les ressources nécessaires. On tolère une éducation au Nord qui ne serait pas acceptée au Sud, et ça, c’est inacceptable.

Quand nous avons reçu les cahiers des demandes et des offres patronales pour le personnel de soutien on pouvait y lire : « Explorer des avenues permettant d’offrir des conditions de travail concurrentielles ». Nous trouvions que ça partait bien mais nous avons vite déchanté. Il n’y a rien mais absolument rien dans ce qu’offre la partie patronale qui va dans ce sens. Au contraire. Par exemple, à Kativik, deux des enjeux patronaux prioritaires sont de faciliter les mises à pied et de forcer les employés à prendre leur pause sur leurs lieux de travail. Clairement, nous n’avons pas la même définition de « conditions de travail concurrentielles ».

Un autre enjeu patronal consiste à introduire dans les conventions collectives un énoncé de principe sur l’importance du développement des ressources humaines. En quoi un énoncé de principe va améliorer le quotidien de nos membres? Dans les 4 cahiers patronaux, la partie patronale parle d’enjeux importants dont le recrutement et la rétention, le développement de compétences. Du côté du personnel enseignant, la partie patronale, autant à Crie qu’à Kativik, parle de la nécessité de valoriser la profession enseignante. Nous cherchons encore dans leurs cahiers où sont leurs solutions à ce qui semble être leurs préoccupations mais nous ne trouvons rien. Des solutions à ces enjeux, il y en a mais elles se trouvent dans nos demandes.

Nos demandes sont claires puisqu’elles ont été déposées par textes clausés. Ce n’est pas le cas des demandes patronales. Leurs demandes sont présentées par objectif et sont souvent imprécises. Quand nous les questionnons pour savoir s’ils sont ouverts à nos demandes ou pour avoir des précisions sur leurs demandes, ils nous répondent qu’ils sont en cours de validation, qu’ils nous répondront à la prochaine rencontre. Pas plus tard que cette semaine, à force d’être questionné, un représentant du ministère nous a carrément dit d’arrêter de leur poser la question et qu’ils nous répondront quand ils auront une réponse à nous donner. Pourtant, nos négociations ont débuté il y a un an et demi. Le portrait de la situation est plus que décevant. Nous avons clairement des vis-à-vis qui n’ont pas de mandat pour progresser dans nos négociations, peu importe ce qu’en dit la présidente du Conseil du trésor, Mme LeBel.

À cette même table, ils nous accusent de ne pas avoir d’ouverture à leurs demandes. Pourtant, nous nous sommes entendus sur certaines de leurs demandes. Ce qu’ils semblent avoir oublié. La partie patronale se dit parfois d’accord avec certaines de nos demandes mais pour des raisons obscures, elle ne veut pas le prévoir dans la convention. Nous nous sommes entendus sur certaines de nos autres demandes mais elles n’ont aucune incidence monétaire et ne changent en rien le quotidien de nos membres.

Ça c’est le portrait à une table. À une autre table, nous nous sommes entendus sur une demande patronale, zéro demande syndicale. À une autre, nous nous sommes entendus sur une demande syndicale, zéro demande patronale. Et à la dernière table, il n’y en a aucune.

Nous sommes loin, même très loin, d’une entente de principe, et ce, malgré plus de 25 rencontres à chaque table. Dans une ronde de négociation plus normale, il nous faut moins de rencontres pour avoir des ententes de principe. Il y a aussi autre enjeu dont il ne faut pas minimiser l’importance et c’est l’enjeu des griefs et de l’arbitrage. Le système est embourbé et dysfonctionnel. Encore là, la partie patronale n’a aucune solution et répond négativement à nos demandes. Nos membres pourraient avoir les meilleures conditions de travail au monde, mais si les employeurs ne les respectent pas et que nous déposons des griefs, ça va donner quoi si on ne pas peut aller les plaider devant un arbitre?

Il n’est pas surprenant que nos délégués syndicaux entendent de plus en plus souvent un membre de l’administration dire « On ne respecte pas la convention, on le sait, ce n’est pas grave, le syndicat n’a qu’à déposer un grief » !!

Ce que l’on entend aussi, c’est que les négociations piétinent et que c’est la faute des organisations syndicales. Même si les parties ont retiré plusieurs de leurs demandes, il en reste encore trop selon nos vis-à-vis. Ils nous demandent de prioriser. Mais quand nous leur annonçons nos priorités, ils nous demandent quelles sont nos autres priorités. Autrement dit, la partie patronale ne veut rien savoir de nos vraies priorités. On nous a aussi dit que la priorité patronale (la priorité gouvernementale), c’est la négociation avec la FSE et l’APEQ et que tant que cette négociation n’est pas terminée, il ne faut pas espérer d’avancées importantes à nos tables. Pourquoi, une négociation qui a peu d’incidence sur les nôtres, devrait ralentir, sinon arrêter, les discussions à nos tables?

Au nombre de représentants patronaux que le gouvernement a, même malgré des avocats qui plaident plus qu’ils ne négocient, il me semble que ça devrait avancer plus vite. À ce rythme, nous sommes loin même d’entrevoir la possibilité d’ententes de principe.

Le gouvernement a peut-être un autre but que d’avoir des ententes négociées. On n’a qu’à se rappeler comment les négociations de 2005 se sont terminées.

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